jeudi 8 octobre 2015

Bières, Leçons de dégustation, Elisabeth Pierre



Simples ou complexes, les bières fascinent.

Avant de les déguster, il faut revenir sur leur composition, comprendre les ingrédients et les modes d’élaboration. Après cette première rencontre, il sera temps d’apprendre à goûter et décrypter les flaveurs, puis introduire les bières dans le paysage gastronomique.

Première étape : comprendre les ingrédients (céréales, houblons, levures…), les différents modes d’élaboration et la composition. Cette boisson millénaire s’est renouvelée partout sur la planète en même temps que les civilisations, il est donc nécessaire, pour véritablement connaître les bières, de saisir les subtilités des différentes origines géographiques et des terroirs.

Seconde étape : apprendre à goûter et décrypter  les flaveurs des bières, et introduire les bières dans le paysage gastronomique en les mariant avec des mets.

Enfin, Elisabeth Pierre vous emmène dans les régions à la rencontre des hommes et des femmes brasseurs, des grandes familles aux parcours les plus atypiques.


L’auteure : Élisabeth Pierre, zythologue et experte en bières indépendante, est une fervente défenderesse de la dive mousse depuis 20 ans. Après 13 ans passés à la direction de la communication de la Fédération des Brasseurs de France et la restauration, elle a créé son entreprise spécialisée en dégustation de bières : « La Fille de L’Orge ». Juge internationale, elle parcourt la France, la Belgique et le Québec, partant à la rencontre des producteurs et de leurs brasseries. Elle anime également des ateliers dégustation pour le public. Elle est l'auteure du premier Guide Hachette des bières, paru en 2014.


Mon avis : au cours de reportages, j’ai rencontré Elisabeth Pierre à plusieurs reprises et notamment dans le saint des saints pour tous les amateurs de bières, belges et autres : Leuven (Louvain) là où naquit la fameuse et historique Stella Artois, là où flotte dans l’air ce parfum chaud et velouté si caractéristique des brasseries. Gamin à Lille, je me souviens que dans certains quartiers de la ville flottaient ces mêmes odeurs. C’était l’époque des Motte-Cordonnier, des Coq Hardi, des bières Pélican. A Louvain, Elisabeth Pierre m’a fait découvrir ce monde fascinant de la bière. On parle avec emphase de l'univers du vin. Il devrait en être de même pour la bière dont l’histoire remonte les siècles. Dès que l’homme a su cueillir puis beaucoup plus tard planter, la bière était née de l’eau et du feu. La bière fait partie de l’histoire de l’humanité. Aujourd’hui, elle se déguste avec art et bonheur et Elisabeth Pierre n’y est pas étrangère. Gérard Conreur

Bières, Leçons de dégustation
Elisabeth Pierre
Editions de La Martinière  
ART DE VIE
150 x 210 mm - 256 pages
24 septembre 2015 - 9782732466408
19.9 €

dimanche 27 septembre 2015

Louis I, II, III... XIV... L'étonnante Histoire de la numérotation des rois de France

Qui a numéroté les rois de France ? Malgré les apparences, la question est tout à fait sérieuse, et il est étonnant qu’elle n’ait pas été posée auparavant.

Il ne faut pas croire en effet que les numéros soient apparus dès qu’un roi a porté le même nom qu’un de ses prédécesseurs.

En réalité, pendant des siècles, les rois ont été nommés sans le numéro que nous leur connaissons. Saint Louis était ainsi pour ses contemporains le roi Louis et non pas Louis IX. Pourtant Louis XIV était connu de son vivant comme Louis XIV. Que s’est-il passé entretemps ? Qui est à l’origine de cette numérotation ? Et puisqu’il a bien fallu alors numéroter rétroactivement les rois des siècles passés, sur la base de quelles connaissances et selon quels critères l’a-t-on fait ?

Ces questions n’ont pas de réponse simple, et la manière dont cette nomenclature s’est organisée est encore mal connue. Les numéros finalement adoptés par l’Histoire officielle ne correspondent pas toujours à la réalité des règnes telle que nous pouvons la reconstituer et c’est pourquoi on trouve dans nos généalogies des rois sans numéro.

C’est en s’intéressant à l’un d’entre eux – Charles le Gros – que Michel- André Lévy a constaté que la numérotation des rois de France était une question non encore résolue. Il s’est alors lancé dans une véritable enquête pour reconstituer sa mise en place.

Il rend compte de ses investigations d’une manière alerte et nous fait parcourir l’Histoire de France avec un regard spécifique sur la manière dont elle a été écrite. En effet, ce qui semble être un simple point de nomenclature dissimule des enjeux politiques et historiques majeurs.

La numérotation des rois se révèle un objet de réflexion étonnamment enrichissant.

Mon avis : Un livre passionnant et parfaitement accessible à tous les passionnés d’histoire, sur la question de la numérotation des rois de France qui n’ont pas toujours porté un numéro. Michel-André Lévy nous fait traverser les siècles de notre Histoire depuis les Carolingiens, en prenant l’exemple de Charles le Gros jusqu’au XIX° siècle - époque où vivaient nos arrières-grands parents - qui vit Napoléon III faire naitre ou plutôt renaître un Empire, second du nom.




ISBN
978-2-87466-329-1
EAN
9782874663291
Date de parution
25/02/2014
Format
14 x 21,5
Nombre de pages
268
Prix public
19,90 euros

vendredi 10 juillet 2015

A la découverte de Chambéry, ville d’art et d’histoire



Chambéry, ville d’art et d’histoire, cela fait trente ans que la ville possède ce label. C’était aussi le thème retenu par l’Associationdes Journalistes du Patrimoine et Chambéry Tourisme & Congrès , mi juin dernier sous un soleil paisible. Savoie, Haute-Savoie, de belles régions de France où flotte un subtil parfum d’Italie. A Chambéry, l’histoire se lit à chaque coin de rue. S’y mêle aussi tout le charme que recèle la Cité des Ducs de Savoie. Balade informelle au gré de notre fantaisie.

La fontaine des éléphants 



Fontaine des éléphants - Photo G.Garofino
Au détour de nos pas, cette fontaine des éléphants que la ville met une grande ardeur à restaurer. L’éléphant, un symbole présent dans notre Histoire de France en particulier à Paris où sous Napoléon, il était question d’une fontaine érigée place de la Bastille à l’endroit de notre actuelle colonne de Juillet à l’image d’un pachyderme monumental. Las, sic transit gloria mundi, l’éléphant édifié à l’échelle en plâtre en 1814 ne sera jamais coulé dans le bronze car entre-temps le régime est passé de l’Empire à la Restauration. Destruction en 1846, deux ans avant l’avènement de la Seconde République. L’Empire, second du nom, se prépare en coulisses…  Le canal de l’Ourcq – également grande réalisation du Premier Empire – n’alimentera donc jamais cette fontaine éléphantesque de cette eau fraiche et à peu près limpide dont les parisiens rêvaient tant. Ce chantier inachevé, abandonné sera bientôt le terrain de jeux des gavroches du quartier avant d’intéresser des récupérateurs avisés de tout ce qui pouvait l’être… Changement de régime pour ne pas dire de propriétaires, notre Arc de Triomphe a failli connaître le même sort.


D’autres éléphants dans notre pays de cocagne ? Souvenir d’un éléphant de la mémoire à Lille sous la municipalité de Pierre Mauroy. Construit en 1989 pour le bicentenaire de la Révolution française, ce monstre de 13 m de haut, 11 m de long, 4,30 m de large, doté d’une salle de projection de 20 places, avait coûté un peu plus de 7 millions de Francs, plus d’un million d’euros, avant de tomber dans l’oubli, paradoxe pour un éléphant de la mémoire, et d’être stocké en pays minier d’Arenberg bien loin des lampions et fastes révolutionnaires de la Capitale des Flandres. Aux dernières nouvelles, le paisible animal qui aurait pu connaitre le même sort que la fontaine de Napoléon à la Bastille l’aura échappé belle. Cédé au franc symbolique, il avait été racheté à l’euro plus symbolique encore... 


Autre éléphant, celui d’un autre de nos anciens premiers ministres, Jean-Marc Ayrault, dans sa bonne ville de Nantes où l’on connait, de Folles Journées et où naquit Jules Verne, passionné des contrées lointaines et de voyages extraordinaires. Ici l’imposant animal dont les dimensions avoisinent celles de l’éléphant lillois pour un poids de près de 50 tonnes, se meut par un mécanisme savant composé d’une soixantaine de vérins.  Il y a du génie et un talent de poids dans ce pachyderme là et cela ne trompe pas. A voir sans faute.


A Chambéry, la fontaine des éléphants rend hommage à Benoit Leborgne, comte de Boigne (1751-1830), enfant de la cité, militaire et grand voyageur notamment en Inde (où l’éléphant est plus fréquent que l’ours polaire), il reviendra s’installer à Chambéry, fortune faîte, consacrant une partie de celle-ci à l’embellissement de sa ville (Construction d’un théâtre, percement de la rue qui porte aujourd’hui son nom) mais aussi à des œuvres charitables en faveur des plus démunis. Les Chambériens, sont fiers de leur fontaine et il est probable que lorsque vous vous arrêterez un instant pour la photographier, l’un de ces placides animaux en barrira de plaisir. Formée par quatre demi éléphants sur quatre faces d’un carré, la fontaine est parfois nommée des « Quatre sans culs » mais ça, ne le répétez pas si vous ne voulez pas voir le général de Boigne descendre de sa colonne.

Le château des Ducs de Savoie et la Sainte-Chapelle



la Sainte-Chapelle - Photo : Gérard Conreur
Difficile de parler du Château des Ducs de Savoie sans évoquer l’histoire de ce Pays de Savoie qui compose les deux départements actuels de la Savoie et de la Haute-Savoie. Ce territoire est issu du découpage du duché de Savoie, donné à la France en 1860 par le roi de Sardaigne, Victor-Emmanuel II, prince de la maison de Savoie et futur roi d’Italie, en échange de l’aide apportée par Napoléon III pour la constitution de l’unité italienne. Le Château des Ducs de Savoie et la Sainte-Chapelle constituent pour les Chambériens, une fierté plus grande encore que la fontaine des éléphants et mérite non pas un détour mais une visite passionnante. Si vous avez la chance de gravir l’escalier de la tour demi-ronde, accolée à l’aile royale, vous accéderez au sommet de la tour où la vue est remarquable sur la Sainte-Chapelle, la ville et derrière elle le contrefort des Alpes. 

La Sainte-Chapelle est ainsi nommée en juin 1502, parce qu’elle va devenir l’écrin d’une relique qui bouleverse la chrétienté : le Saint-Suaire dont le duc Louis 1er de Savoie, prince de Piémont, comte d’Aoste et de Maurienne (1413-1465) et son épouse Anne de Lusignan (1419-1462) avaient fait l’acquisition en 1453 auprès de Marguerite de Charny, en échange du Château de Varambon, dans les environs de Bourg-en-Bresse. Le prix est donc astronomique. L’histoire du Saint-Suaire est truffée de rebondissements. On ne sait comment il est parvenu en Europe mais son existence est relatée dès le XIII° siècle, époque à laquelle ce suaire de drap blanc de 4,30m sur 1,10m de large est déjà la propriété de la famille de Charny. 

Ce drap mortuaire qui aurait servi à envelopper le corps du Christ lors de sa mise au tombeau et porte l’image sépia d’un homme ayant subi le supplice de la crucifixion, échappera de justesse à l’incendie de la chapelle dans la nuit du 3 au 4 décembre 1532. Il y a doute sur la relique car depuis le Moyen Age les « Saint-Suaires » sont légions en Europe et au Proche Orient, on en compte une bonne quarantaine ! En France, le plus célèbre est celui de Compiègne mais on en trouve également à Cahors, Reims, Besançon, Carcassonne… A Rome, trois Saint-Suaires existent. Aix-la-Chapelle en possède deux.

Après l’incendie, le saint-suaire, propriété personnelle des Ducs de Savoie va quitter la Sainte-Chapelle au terme d’une nouvelle mésaventure. En 1578, l’archevêque de Milan pour sauver sa ville de la peste fait le vœu de venir à pied jusqu’à Chambéry pour se recueillir devant le saint-suaire mais tombé malade, il s’arrête à Turin. Le duc Emmanuel-Philibert pour lui éviter de nouvelles fatigues fera déplacer la relique jusqu’à lui à Turin, ville que la relique ne quittera plus au grand dam des Chambériens dont seules désormais les prières pourraient faire un miracle ?

Après la mort d’Umberto II, dernier roi d’Italie en 1983, et par testament la relique devient propriété de l’Eglise. Cinq ans plus tard, en 1988, une datation au carbone 14 permet d’évaluer que la confection du tissu se situerait entre 1260 et 1390 …après Jésus-Christ. 


Est-ce à dire pour autant que le Saint-Suaire a livré tous ses secrets ?

Le Château de Candie



Notre brève promenade à Chambéry se termine déjà. La fontaine des éléphants retrouve son lustre d’antan sous l’œil attentif du Général de Boigne qui du haut de sa colonne surveille les travaux dans un silence approbateur, son regard parfois se perd du côté du Château des Ducs de Savoie et de la Sainte-Chapelle.

Pendant que nous sommes toujours au cœur de la ville, le Musée des Beaux-Arts nous invite à la prodigieuse exposition Rois & Mécènes, Turin 1730-1750, la cour de Savoie et les formes du rococo. Avoir jusqu’au 24 août prochain.  


Le "ciel" de la rotonde de Chambéry - Ph. Gérard Conreur
A d’autres moments, le général observe les rues qui cernent la cathédrale et les quartiers de la vieille cité. Plus loin à la lisière de la ville, l’extraordinaire rotonde ferroviaire de Chambéry toujours en activité et dont les dimensions en font l’une des plus importantes de France : 108 m de diamètre intérieur, diamètre de la coupe : 55m pour une hauteur totale de près de 35m. Avec ses 36 voies rayonnantes, le bâtiment plus que centenaire permet le remisage de 72 locomotives. Face aux coûts de restauration et de rénovation, la SNCF envisageait en 1982, la démolition de la coupole. Une décision qui provoqua l’émoi de cheminots passionnés, deux ans plus tard la rotonde était inscrite à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques. Site de l’Association pour la Préservation du Matériel Ferroviaire Savoyard.


Mais tout cela nous a creusé l’appétit et toujours un peu plus loin, un peu plus haut tandis que nous laissons à regret Chambéry derrière nous, voici qu’apparaît le Château deCandie. Qui dit « château » dit « Histoire » mais cette fois, nous ne remonterons pas jusqu’en 1344 où il appartenait déjà à la famille Candie dont il tire avec orgueil son nom. L’histoire commence pour nous en 1990 lorsque Didier Lhostis, créateur de la maroquinerie Didier Lamarthe, passionné et collectionneur d’antiquités tombe amoureux de cette ancienne Maison forte dont il se porte acquéreur aussitôt.

Le Château de Candie - Photo : Wooloomooloo

Pendant quatre ans, il va mener ici des travaux spectaculaires et le mot est faible pour transformer le château en un magnifique hôtel restaurant. Il soignera la décoration et trouvera en ce lieu une place idéale pour chacun de ses beaux meubles et bibelots. Le résultat, j’en témoigne, est somptueux mais les travaux se poursuivent, les granges sont transformées en 1999, une piscine extérieure est aménagée l’année suivante. En juin 2006, pour Didier Lhostis, l’heure est venue de passer à autre chose, peut-être un autre défi ? 

En février 2014, Cédric Campanella et son épouse Mariétou, tous deux anciens salariés de l’établissement prennent possession du lieu écrivant ainsi une nouvelle page du Château de Candie. Vous rêvez d’une table raffinée dans un cadre élégant ? Ne cherchez plus.

Gérard Conreur  – Juin 2015


A voir aussi à Chambéry et ses environs : La Maison de la vigne et du vin à Apremont. Remerciements à l’association La Manivelle pour une promenade  en véhicules anciens. La région de Chambéry est riche en produits de la table, notamment les fromages de Savoie mais pas seulement. Produits de tradition et de qualité, nous y reviendrons. Je voudrais citer trop rapidement malheureusement la Distillerie des Alpes, la Maison Dolin fondée en 1815 (eh oui, Waterloo cette année-là) et la Brasserie du Mont Blanc. Pardon à ceux que j’oublie. Merci enfin à Gérard Charpin de Chambéry Tourisme & Congrès.